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Philippe Parreno : « L'élégance de Zidane sur le terrain m’a toujours beaucoup touché. »

Publié le 04 octobre 2023 — par François Vey

— Zidane - © Courtesy des artistes Philippe Parreno & Douglas Gordon

Tout est parti du jour où le vidéaste et plasticien s'est mis à taper dans un ballon en compagnie de Douglas Gordon. François Vey, rédacteur en chef du magazine Légende, raconte la genèse de ce projet hors norme. Extrait.

Rencontrer leur modèle s’est avéré extrêmement long et complexe pour les deux artistes. Mais une fois en sa présence, grâce au travail d’approche et aux relations privilégiées du journaliste Frédéric Hermel, correspondant du journal L’Équipe à Madrid, Parreno et Gordon ont su convaincre un Zidane a priori fermé à l’idée. «Il a été extrêmement courtois, car il est très gentil avec les gens, c’est un gentleman… Douglas et moi, nous lui avons présenté sur notre ordinateur un petit montage que nous avions réalisé: des moments de jeu du footballeur brésilien Garrincha (1933-1983). On était allés chercher toutes les archives, on les avait remontées pour lui montrer à quoi notre film pourrait ressembler. Cela l’a touché de se dire qu’à la fin d’une carrière comme la sienne, il ne resterait plus dans les mémoires que quelques secondes de faits de jeu.» Le second déclic est venu de l’idée qu’ont eue Parreno et Gordon de lui proposer de filmer pour l’essentiel sa «concentration» sur le terrain, dont Zidane est justement convaincu qu’elle fait la différence avec les autres joueurs. 

Lancé sur cette question de l’attention (celle de Zidane, la sienne, celle du spectateur), Parreno s’avère intarissable. Ainsi, lors de la postsynchronisation, il projette au joueur des séquences du match où celui-ci criait à l’attention de ses partenaires, et s’aperçoit qu’il se souvient de sa position et de ses mouvements à chaque moment. «Cette concentration, son degré d’intensité, c’était ce qu’on voulait filmer. C’est une chose d’unique dans le sport. Il a compris que ce serait intéressant pour les spectateurs.» La réaction de Zidane lorsqu’il a visionné un premier montage l’a beaucoup touché. «Il m’a dit, en gros: “Je me reconnais. C’est une image et c’est moi. Je me vois comme ça.”» Parreno confie que c’est «une des plus belles choses qu’il ait eues» de sa part. «C’était sa vérité»…


Extrait de l'entretien avec Philippe Parreno réalisé par François Vey dans le trimestriel Légende. Cette édition spéciale est en vente sur le réseau presse, en librairie et à la Philharmonie de Paris.

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