Novembre 2015

 

AUX ORIGINES DU PROJET

C'est dans le courant du mois d'avril de cette année que j'ai vu circuler cet appel à projet :

« Vous voulez vivre une expérience extraordinaire, environ trois mois de création dans les Terres australes et antarctiques françaises entre décembre 2015 et avril 2016, vous ne craignez pas l’éloignement (les îles australes françaises sont à plusieurs jours de mer de l’île de La Réunion), ni l’absence de liaison internet ou de téléphone portable et vous êtes en bonne santé physique. Vous séjournerez sur l’une des bases subantarctiques françaises (Port-aux-Français à Kerguelen, Alfred Faure à Crozet ou Martin de Viviès à Amsterdam), aux côtés des personnels (scientifiques, météorologues, militaires…) qui mènent sur place des missions de souveraineté, de recherche scientifique ou de préservation des milieux naturels. » 

Mon sang n'a fait qu'un tour à la lecture de l'appel ! Passionné depuis toujours de voyages, l'opportunité de me rendre dans de tels lieux, quasi inaccessibles en temps normal, et qui plus est dans le cadre d'un travail de composition, m'a parue trop belle pour être vraie ! 

Le projet que j'ai proposé, composer une oeuvre musicale d'environ 30 minutes pour orchestre symphonique, accompagnée d'une vidéo qui sera réalisée à partir d'images d'archives et actuelles en lien avec les îles Kerguelen, aura visiblement retenu l'attention du jury. 

Ironie du sort, c'est aussi dans un endroit isolé bien que moins « lointain », en randonnée en solitaire dans les Pyrénées, que j'ai appris ma sélection ! Mon téléphone, éteint depuis 3 jours, était rempli de messages du jury cherchant à me joindre pour m'annoncer que j'étais lauréat du programme, parmi 84 postulants, aux côtés d'une autre artiste, l'écrivaine Estelle Nollet.

L'HEURE DES CHOIX

Depuis quelques semaines, je ne vis quasiment qu'au rythme de la préparation intensive du voyage. Visites médicales obligatoires, revue exhaustive de l'équipement à emporter (l'île étant battue quasi en permanence par le vent et la pluie) mais surtout, il me faut prévoir tout ce dont j'aurai besoin pour réaliser ce qui sera ma « mission » sur place : composer. La partie n'est pas facile, sachant que ce qui paraît anodin aujourd'hui, comme écouter de la musique via le web, acheter du papier, une gomme ou un crayon, et a fortiori consulter une partition dans une bibliothèque sont des choses qui me seront impossibles là-bas ! Alors, il faut faire des choix : quelques partitions de référence, charger quelques musiques sur ordinateur, choisir un clavier portable à emporter avec un son correct... Un peu trop anxieux peut-être, je me prépare même à apporter deux ordinateurs tout en me disant que si le second aussi tombe en panne, je pourrai aussi écrire tout simplement, à l'ancienne, sur du papier à musique ! Et bien sûr il faudra aussi profiter de l'univers inouï que m'apportera l'endroit, au niveau visuel mais surtout sonore ! Et donc prévoir du matériel d'enregistrement portable et surtout robuste, qui puisse affronter le climat hostile de cette région subantarctique.

Le voyage approche... Dans quelques jours ce sera le départ pour la Réunion, d'où j'embarquerai ensuite le 8 décembre sur le Marion Dufresne, le navire ravitailleur qui effectue environ 4 rotations annuelles entre la Réunion et les îles australes. Après une escale sur l'île de Crozet, ce sera enfin l'arrivée aux mythiques îles Kerguelen. Le bout du monde... 

Pour partager avec vous cette incroyable expérience, je tiendrai ici, quand le temps et le réseau le permettront, un blog relatant mon voyage, mes impressions et l'avancement du projet de création. Bien évidemment, une grande partie sera aussi consacrée aux sons que j'y entendrai, à travers un journal sonore. A très bientôt !