Dédiée aux musiques arabes, l’exposition Al Musiqa célèbre à la fois la richesse d’un patrimoine ancien méconnu et l’intense créativité d’artistes issus du monde arabe.
Ma première approche des cultures arabes a été sensorielle, nourrie par les sons et la gastronomie entourant le rituel de l’iftar auquel je fus invitée dans mon enfance. Ma deuxième rencontre fut plus intellectuelle, nourrie par la lecture d’écrivains et philosophes oubliés du cursus universitaire français. Ma troisième réconcilia les deux : par la découverte de rencontres artistiques opérant une fusion orientale-occidentale comme celle de Paul Klee, fasciné par les couleurs et les rythmes tunisiens, et par la fréquentation assidue de concerts où je fus prise par le tarab, cet état d’extase proche de la transe. J’ai eu à cœur, à travers Al Musiqa, de partager cette passion arabe.
L’exposition invite à un voyage visuel et sonore et propose de traverser des paysages immersifs comme le désert d’Arabie, un jardin andalou, un cinéma égyptien, une zaouïa africaine, un café de Barbès et la place trépidante d’une grande capitale arabe.
L’exposition Al Musiqa propose au visiteur des repères pour mieux déconstruire les clichés, découvrir ou approfondir ses connaissances à l’aide de nombreux dispositifs ludiques et interactifs. Le visiteur peut ainsi apprendre à écrire son nom en arabe ou découvrir le timbre du oud et de la derbouka en prenant part à un grand orchestre égyptien. Soulignant le caractère central que revêt la musique et le son au sein des sociétés arabes, l’exposition Al Musiqa propose des ambiances sonores immersives typiques, telle qu’une polyphonie d’appels à la prière. Rendant hommage à la beauté de la calligraphie et de la langue arabes, l’exposition est entièrement bilingue. Al Musiqa se veut également un manifeste pour la sauvegarde d’un patrimoine culturel aujourd’hui en danger, en même temps qu’un témoignage de l’exceptionnelle vitalité de la création musicale contemporaine dans le monde arabe. Les oeuvres rassemblées permettent ainsi de découvrir de riches collections publiques et privées situées en orient et en occident : instruments de musique, calligraphies, miniatures, peintures et photographies. Des installations, bandes dessinées, affiches de cinéma, pochettes de disques, films culte et archives sonores rares viennent également compléter ce corpus exceptionnel.
Souhaitant satisfaire la curiosité de tous les publics, l’exposition s’adresse aussi bien au néophyte ayant envie de découvrir de nouvelles cultures musicales et d’avoir une approche artistique du monde arabe, qu’au mélomane averti, amoureux de Fairouz ou passionné de musique arabo-andalouse. Elle concerne tout autant les adultes que les enfants et les familles, quelques soient leur sensibilité esthétique et leur lien avec telle religion. À l’image des cultures arabes auxquelles cette exposition souhaite ainsi rendre hommage, Al Musiqa prend la forme d’un lieu chaleureux, soucieux du confort et du bien-être des visiteurs, où l’hospitalité est reine. C’est dans cet esprit que la scénographie a été confiée à Matali Crasset, connue pour son habileté à conjuguer le design le plus innovant avec des dispositifs favorisant le lien social, dans une forme réelle de vivre ensemble.